Baie de Somme en famille : voir les phoques sans déranger la colonie, mode d’emploi

En bref

• 🌊 Baie de Somme : plus grande colonie de phoques de France, accessible toute l’année.
• 🕰️ Marées : se présenter 2 h 30 avant la basse mer pour voir les animaux sur les bancs de sable.
• 👀 Spots clés : Pointe du Hourdel, ports de Saint-Valery et du Crotoy, digue de Berck dans la baie d’Authie.
• 🚶‍♀️🚣‍♂️ Approches douces : randonnée, kayak, pirogue accompagnés par Chemins de la Baie ou Terre & Mer Expéditions.
• 🧭 Règles d’éthique : distance minimale 300 m, jumelles obligatoires, pas de drone, chiens tenus éloignés.
• 🏡 Services utiles : Maison de la Baie de Somme, Office de Tourisme Baie de Somme, CPIE Baie de Somme.
• 🌱 Initiatives locales : Découverte Nature, Baie Attitude, Explorateurs de la Baie valorisent un tourisme durable.

Entre estuaire et Manche, la Baie de Somme dévoile un théâtre naturel où phoques gris et veaux marins redeviennent les vedettes d’un littoral qui, il y a à peine soixante ans, ne comptait plus un seul banc sablonneux fréquenté par ces mammifères. Les familles trouvent aujourd’hui un mode d’emploi clair pour partager l’émotion d’une rencontre, sans transformer la curiosité en intrusion. Jumelles prêtes, regard aux aguets : la colonie s’observe, jamais ne se dérange.

Comprendre la présence des phoques en Baie de Somme : histoire et écologie de la colonie

Le retour des phoques en Picardie résulte d’une combinaison de mesures de protection, d’évolutions réglementaires et d’une dynamique écologique favorable. Dans les années 1960, les populations de phoques avaient pratiquement disparu du littoral français. La chasse, alors autorisée, et la détérioration des habitats littoraux avaient privé les mammifères marins de leurs zones de repos naturelles. Dès 1972, l’interdiction de la chasse marque une première étape décisive ; l’inscription des deux espèces – phoque gris et veau marin – sur la liste des animaux protégés en 1981 renforce la tendance.

L’année 1994 voit la création de la Réserve naturelle nationale de la Baie de Somme, qui englobe marais arrière-littoraux, vasières et herbus. Cette mosaïque d’habitats s’avère idéale pour les phoques : les bancs de sable émergent à marée basse, véritables solariums où ils thermorégulent et se reposent après leurs sorties de pêche. Contrairement à l’image populaire, le phoque ne chasse pas dans l’estuaire ; il profite plutôt de la Manche où harengs, lançons et merlans foisonnent entre 3 et 15 km au large. La baie devient un « salon de repos » silencieux, distant de la frénésie palangrière.

Le suivi scientifique, assuré par le CPIE Baie de Somme, révèle une croissance annuelle moyenne de 8 % entre 2010 et 2024. Les comptages estivaux de 2024 affichent environ 400 veaux marins et 110 phoques gris. Ces chiffres traduisent un équilibre ; la densité plafonne naturellement lorsqu’un site atteint sa capacité de charge alimentaire et spatiale.

Écologie comportementale : pourquoi la baie exerce-t-elle un attrait particulier ?

Les scientifiques identifient quatre variables : la tranquillité, l’accessibilité des bancs à marée basse, la configuration des chenaux qui permet une fuite rapide vers l’eau, et la richesse halieutique à proximité. Les bancs de la pointe du Hourdel cumulent ces avantages ; aucune infrastructure urbaine n’interrompt la ligne d’horizon, et les galets amortissent la houle, autorisant un repos prolongé. Les jeunes phoques, plus vulnérables aux tempêtes hivernales, y trouvent un lieu d’apprentissage de la chasse sans dépenses énergétiques excessives.

• 🔆 Sable sec : surface chaude qui accélère le séchage du pelage.
• 💧 Chenaux profonds : voie de repli immédiate en cas de danger.
• 🐟 Frayères voisines : alimentation variée à distance raisonnable.
• 🚫 Faible dérangement : corridors de quiétude identifiés par la réserve.

Cette histoire de résilience rappelle qu’un estuaire peut renouer avec sa faune patrimoniale lorsque réglementation, gestion et sensibilisation conjuguent leurs forces. La section suivante plonge dans la chronologie des marées afin de choisir l’instant parfait pour une observation familiale.

Choisir le bon moment : marées, saisons et rythmes quotidiens des phoques

La Baie de Somme connaît des marnages parmi les plus forts d’Europe continentale ; le mètre zéro se déplace deux fois par jour d’une dizaine de kilomètres, libérant ou recouvrant jusqu’à 7 000 hectares. La compréhension fine de ce rythme hydrodynamique est la première clé d’une observation réussie. Les familles consultent volontiers les tables de Abbeville Tourisme, qui publient les horaires actualisés jusqu’à six mois. Les guides naturalistes utilisent par ailleurs des applications de pilotage marée couplées à la météo (vent et houle) pour affiner le créneau optimal.

Saisonnalité : pourquoi juin à août révèle les nouveau-nés ?

La mise bas du veau marin s’étale du milieu du mois de juin à la troisième semaine de juillet, avec un pic de naissances autour du 4 juillet. Les observateurs prudents choisissent des spots où un chenal naturel impose une distance de sécurité, évitant toute séparation mère-petit. À l’inverse, février et mars offrent le calme absolu ; la baie se dépouille de sa fréquentation touristique, les phoques profitent des bancs sans perturbation et la clarté hivernale sublime les silhouettes.

Horloge de la marée : mode d’emploi pratique

• ⏱️ –3 h avant basse mer : début de l’installation sur les bancs.
• 🛌 Basse mer : maximum d’individus visibles, souvent allongés.
• 🌊 +1 h après basse mer : premières sorties d’eau, vigilance accrue.
• 🐟 Marée montante : départ vers la Manche pour la chasse.

Les vents d’ouest forcent parfois la marée à monter plus vite que prévu ; un coefficient supérieur à 100 génère un mascaret visible depuis les quais de Saint-Valery. Les Explorateurs de la Baie proposent des sessions spéciales « front de l’onde », couplant explications scientifiques et démonstrations visuelles.

Pour compléter ces données, les familles peuvent visiter la Maison de la Baie de Somme à Lanchères ; des maquettes interactives illustrent la progression rapide de la mer et expliquent les signes précurseurs d’une montée d’eau. Lorsque les calendriers sont bien calés, reste à choisir le lieu ; le chapitre suivant détaille les points d’observation les plus sûrs et passionnants.

Les meilleurs spots d’observation en famille sans déranger la colonie

La baie s’étire sur vingt kilomètres ; pourtant, trois zones concentrent 90 % des observations publiques. Chacune possède des spécificités d’accès, de confort et de visibilité. Le choix dépend de l’âge des enfants, de la durée disponible et du matériel emporté.

Pointe du Hourdel : la tribune naturelle

Accessible par la Route blanche, ce cordon de galets mène à un belvédère improvisé face aux bancs principaux. Un parking gratuit partage l’espace avec quelques campings-cars. La distance jusqu’à la colonie oscille entre 350 et 450 m, parfaite pour respecter la zone tampon réglementaire. Les coulées d’eau empêchent tout passage direct, rendant la digue sûre pour les familles.

Ports de Saint-Valery et du Crotoy : murmures citadins

À marée haute, les musoirs abritent de petites têtes moustachues qui viennent respirer entre deux plongées. Ici, l’effet de surprise amuse les enfants : un phoque apparaît au pied des quais, à dix mètres des embarcations. Les bancs sonores urbains demandent toutefois une vigilance ; rappelons aux jeunes observateurs de ne pas lancer de nourriture, geste malheureusement encore observé lors des fortes affluences.

Digue de Berck (baie d’Authie) : l’option ultra-accessible

Même hors des limites strictes de la Somme, ce promontoire bétonné offre une vue latérale proche ; certaines stations météo enregistrent des passages à moins de 100 m. Les panneaux pédagogiques co-rédigés par le Parc du Marquenterre détaillent les différences morphologiques entre veau marin (museau concave) et phoque gris (profil convexe).

• 📍Pointe du Hourdel : 300 places de parking, tables de pique-nique, toilettes sèches.
• 📍Saint-Valery : restaurants, location de jumelles à l’Office de Tourisme Baie de Somme.
• 📍Le Crotoy : plage surveillée, accès poussette facile.
• 📍Berck : chemin pavé adapté PMR ♿.

Ces sites partagent une règle : rester derrière la ligne naturelle de dépôt d’algues. Écart minimal garanti, mais visibilité maximale avec un grossissement ×10. Pour découvrir d’autres points plus confidentiels (Cap Hornu ou grèves de Brighton-les-Pins), les visiteurs font appel aux Chemins de la Baie. Le prochain chapitre révèle justement comment choisir la bonne méthode d’approche.

Méthodes d’approche responsables : à pied, en kayak ou avec un guide naturaliste

Observer un phoque à vingt mètres paraît tentant ; pourtant, le stress induit peut l’obliger à brûler 
jusqu’à 800 kcal pour regagner l’eau. Répété plusieurs fois par jour, ce gaspillage compromet la prise de poids, capitale avant l’hiver. D’où la popularité des approches douces orchestrées par Terre & Mer Expéditions ou Découverte Nature. Les guides, formés par le CPIE Baie de Somme, fixent des bornes mentales claires : le phoque relève la tête ? On stoppe, on recule.

Randonnée pédestre encadrée

Durée moyenne : 2 h 30. Les sorties familiales empruntent les herbus puis contournent les bancs ; la configuration en U permet d’approcher à 300 m sans obstacle visuel. Les guides portent une longue-vue 60× ; les enfants profitent d’une vision détaillée des vibrisses, du pelage moucheté et des comportements sociaux (bagarres simulées, allopreening).

Kayak de mer et pirogue polynésienne : immersion silencieuse

L’embarcation se glisse dans les chenaux, portée par le jusant. Le rythme lent ne déclenche pas l’alerte des phoques ; l’animal curieux se détend rapidement, fréquente parfois la surface à une dizaine de mètres. Les clubs comme la Base nautique de Saint-Valery imposent un briefing : rame parallèle au corps de l’animal, jamais en direction frontale.

Sorties privées « Terra-Navis »

Depuis 2025, Baie Attitude expérimente un concept mêlant marche et portion en voilier électrique. Objectif : zéro bruit, zéro émission carbone. Les participants alternent navigation silencieuse et pauses pédagogiques sur les estran. La concession obtenu par la préfecture limite la taille des groupes à huit personnes, garantissant une pression minime.

• 🚶‍♂️ Pédestre : accessible dès 3 ans, tarif moyen 18 €.
• 🚣‍♀️ Kayak : à partir de 6 ans, gilet obligatoire, 43 €.
• ⛵ Voilier électrique : nouveaux créneaux test, 55 €.
• 🔭 Option télescope : +4 €, zoom 80× 🛰️.

Toutes les sorties mentionnent la charte « Respect des phoques » : pas de cri, pas de flash photo, pas de drone. Les visiteurs reçoivent même un badge virtuel « Observateur responsable » via l’application Découverte Nature, créant un cercle vertueux d’engagement. L’étape suivante ? Planifier l’intendance, de l’hébergement à la mobilité douce.

Préparer son séjour : logistique, hébergements et initiatives locales engagées

La réussite d’un week-end en Baie de Somme repose sur un triptyque : mobilité, hébergement et information fiable. Bonne nouvelle : la région a massivement investi dans les infrastructures durables depuis 2020. La ligne ferroviaire Paris-Abbeville-Le Tréport, modernisée en 2023, dessert Noyelles-sur-Mer, porte d’entrée du réseau cyclable « Somme à Vélo » long de 135 km.

Venir et se déplacer

• 🚆 Train : Paris-Nord ➜ Noyelles en 1 h 58, correspondance bus 15 min vers Saint-Valery.
• 🚗 Voiture : sortie A16 n°24 « Abbeville Centre », bornes de recharge 150 kW.
• 🚴‍♂️ Vélo : location à la gare par Terre & Mer Expéditions, 25 € les 48 h.
• 🚌 Navettes Baie de Somme : circulation quotidienne avril-octobre, 2 € / trajet.

Où dormir sans s’éloigner des phoques ?

Les hébergements écolabellisés fleurissent ; ils respectent une charte d’économie d’eau et d’énergies renouvelables. Quelques adresses plébiscitées en 2025 :

Centres d’information et activités complémentaires

Avant toute sortie, passer par l’Office de Tourisme Baie de Somme ou la borne d’infos d’Abbeville Tourisme garantit l’actualisation des marées, des coefficients et des restrictions éventuelles (travaux de digue, nidification d’oiseaux limicoles). Le Parc du Marquenterre organise aussi des ateliers « Mini-naturaliste » : confection de moulages d’empreintes, initiation à la lecture de traces dans l’argile, observation de spatules blanches au télescope.

• 🌿 Maison de la Baie de Somme : expo permanente sur les mammifères marins.
• 🔬 CPIE Baie de Somme : conférences scientifiques hebdomadaires.
• 🛶 Explorateurs de la Baie : location pirogue + guide.

Tandis que la logistique se met en place, un dernier aspect demeure : adopter une attitude exemplaire afin de laisser la colonie indifférente à notre présence. Le prochain chapitre expose ce code de conduite.

Code de conduite éthique et sécurité : adopter la Baie Attitude pour protéger la colonie

Le concept « Baie Attitude » né en 2024 rassemble hébergeurs, guides et visiteurs autour de dix engagements concrets. Signer la charte à l’arrivée permet d’obtenir un bracelet vert « Je protège la baie » ; 40 % des contributions financières sont reversées au fonds de sauvegarde des mammifères marins géré par le CPIE Baie de Somme.

Dix engagements indispensables

1. 🚫 Garder une distance de 300 m minimum.
2. 🐕 Laisser le chien en laisse, idéalement à la maison.
3. 🔇 Éviter cris, musique, drones, flash.
4. 📦 Ramener tous ses déchets ; pas de plastique flottant.
5. ♻️ Préférer produits solaires éco-friendly pour la baignade.
6. 👣 Suivre les chemins balisés, éviter l’herbu fragile.
7. 🦭 Ne pas toucher un phoque échoué ; appeler PELAGIS 05 46 44 99 10.
8. 📸 Utiliser zoom optique plutôt que s’avancer.
9. ⏰ Partir avant la montée de l’eau ; marée = cheval au galop.
10. 🗣️ Sensibiliser un voisin imprudent avec bienveillance.

Rappelons que la marée progresse parfois à 2 m/s ; des interventions de sauvetage mobilisent chaque année les pompiers du Codis 80. Les panneaux rouges « DANGER » jalonnent l’estran ; se baliser mentalement un point haut de repli s’avère indispensable.

En adoptant cette posture responsable, chaque famille assure la pérennité d’une expérience unique : observer un mammifère marin dans son habitat, sans altérer son quotidien.

Quelle paire de jumelles choisir pour voir les phoques ?

Un grossissement 10×42 offre un compromis idéal : champ large, bonne luminosité au crépuscule et poids raisonnable pour les enfants.

Peut-on venir avec une poussette sur les galets du Hourdel ?

La digue principale accepte les poussettes sport tout-terrain ; cependant, les galets meubles près de l’eau restent impraticables. Prévoir un porte-bébé pour aller plus loin.

Que faire si l’on trouve un phoque seul sur la plage ?

Ne pas s’approcher. Rester silencieux, signaler l’animal à PELAGIS (05 46 44 99 10) et aux gardes de la réserve. La mère se trouve souvent dans l’eau à proximité.

Les sorties en bateau motorisé sont-elles déconseillées ?

Le moteur accroît les nuisances sonores et réduit le temps d’observation. Les approches à rame ou à pied sont donc privilégiées, mais la réglementation n’interdit pas les vedettes à faible vitesse.

Existe-t-il un pass combiné phoques et oiseaux ?

Oui, le Pack ‘Terre & Plume’ lancé par le Parc du Marquenterre en 2025 inclut visite de la réserve ornithologique le matin et sortie phoques l’après-midi (35 € / adulte).